Notre séjour à Oaxaca

Notre périple au Mexique approche de son terme. Heureux d’avoir pu découvrir de nombreux sites culturels et archéologiques autour de la capitale, notre séjour se termine plus au sud avec un passage de deux jours intenses dans la province de Oaxaca…

Lire notre billet précédent : Xochicalco et Cuernavaca

Pour avoir un aperçu de notre voyage au coeur du Mexique dans son ensemble, cliquez ici. 🙂

Oaxaca : une province à la richesse culturelle immense

Après une nuit relativement confortable dans le bus (8h de trajet avec climatisation et de larges sièges), nous arrivons vers 7h du matin à la gare routière de Oaxaca, ville principale de l’Etat du même nom. Nous marchons 20 minutes à peine pour arriver au centre-ville où nous profitons d’un bon petit déjeuner dans un café qui vient tout juste d’ouvrir.

Nous arpentons ensuite un peu les rues pour comparer les prestations des tours touristiques afin de faire le choix le plus intéressant. La ville est très calme le matin et très agréable avec beaucoup d’espaces piétons et d’œuvres artistiques disséminées. Nous optons pour l’une des agences qui nous propose un léger « descuento » (un rabais) et nous partons donc à 9h dans un minibus chargé de touristes pour un tour guidé d’une journée avec plusieurs arrêts.

Direction la petite commune de Tule pour commencer, à une petite dizaine de kilomètres de Oaxaca. En arrivant à la place principale, on voit nettement l’église et surtout un arbre gigantesque : « El Arbol de Tule » 🌳. Ce cyprès de Montézuma est en fait l’arbre ayant le tronc le plus grand au monde : 42 mètres de circonférence, pour un poids de plus de 600 tonnes selon les estimations ! Agé de peut-être plus de 2 000 ans, cet arbre est classé par l’UNESCO depuis 2003 afin de promouvoir sa conservation. Il est couramment appelé « arbre de la vie » pour les formes d’animaux que l’on peut distinguer – parfois avec une bonne dose d’imagination – dans son tronc. Après quelques tentatives de photos (le tronc étant décidément trop gros), nous voici repartis.

L’arbre de Tule se voit de loin, et pour cause : il faudrait être une trentaine de personnes pour en faire le tour en se tenant la main !

Nous nous arrêtons ensuite dans le village de Teotitlan, où des habitants nous présentent la fabrication et le tissage de textiles en laine, ainsi que leur coloration à partir de pigments naturels. Il est intéressant de voir perdurer les traditions ancestrales de production des textiles zapotèques. Le Mexique est en effet mondialement connu pour sa richesse de motifs textiles issus du savoir-faire ancestral des multiples cultures mésoaméricaines. Sans machine moderne, il faut néanmoins s’armer de patience pour parvenir à des produits finis de qualité. La laine, issue de mouton mérinos, est d’abord lavée à l’aide de racines aux propriétés détergentes. Elle est ensuite teintée dans un bain de 8h par une mixture faite d’éléments naturels : fruits, fleurs, graines, champignons… Chaque couleur de l’arc-en-ciel a sa propre recette ! Ensuite, des métiers à tisser traditionnels permettent de réaliser des tapis à partir de motifs ou dessins souvent mémorisés par les artisans (animaux, dessins géométriques, etc.).

Nous cheminons ensuite dans la montagne pendant environ une heure, dans un village à flanc de montagne afin d’arriver au site de Hierve el Agua. Le site fait partie d’un territoire indien et il faut donc payer un droit de passage de 25 pesos par personne. Le site est grandiose : il s’agit en fait d’une source d’eau tiède dont les minéraux, essentiellement du carbonate de calcium, se sont déposés au fil des années formant des concrétions dans la falaise, comme des stalactites. Il existe en fait deux cascades et il est possible de se baigner en haut de la première tout en admirant la seconde, dont le volume est encore plus impressionnant : 30 mètres de haut sur 80 de large, au-dessus d’un précipice de 90 mètres ! Les indiens connaissent ce lieu depuis très longtemps et les Aztèques l’avaient aménagé afin que des bassins propices à la baignade se forment. D’après notre guide, le seul autre site naturel équivalent dans le monde se trouve en Turquie : il s’agit de Pamukkale. Nous profitons nous aussi de la baignade. C’est magique même si l’eau est un peu fraîche, notamment à cause du petit vent frais qui y souffle. On peut se rendre à la seconde cascade, mais la vue est moins intéressante et il n’y a pas de bassin.

Les piscines naturellement formées sont propices à la baignade, chouette ! 🙂

La vue sur la vallée est magique, et on voit très distinctement les grandes cascades pétrifiées au-dessus du vide

Il est 14h, aussi la guide nous emmène tous dans un restaurant où un buffet (à prix touristique) est proposé. Nous avions été prévenus et, comme cela ne nous plaisait pas trop, nous avions décidé de manger des produits locaux sur le pouce : les tacos mexicains sont toujours aussi délicieux quand ils sont frais du marché ! Puis nous poursuivons le tour avec la visite de Mitla, une ancienne cité zapotèque puis mixtèque, aujourd’hui de taille modeste (seulement cinq groupes de bâtiments sont encore debout), dont il subsiste essentiellement des groupes d’édifices rendus célèbres pour leurs fresques « grecques ». En effet, les motifs géométriques qu’on peut y voir rappellent fortement les dessins de la Grèce antique, ce qui est quelque chose d’unique au Mexique ! Si la ville était toujours occupée et active à l’arrivée des colons espagnols, ces derniers finirent par détruire cette cité et décidèrent d’y construire l’église de San Pablo, qui jouxte aujourd’hui le site archéologique.

Les motifs géométriques de Mitla sont étonnants et n’ont rien à voir avec ceux des autres cités mésoaméricaines

Pour finir, nous achevons la journée par la découverte de la fabrication du « mezcal » à partir d’une plante, l’ « agave ». C’est en fait le cœur de cette plante qui est utilisé : on en extrait la pulpe à l’aide d’une roue et d’un pressoir. Le résultat obtenu est mélangé à de l’eau et laissé à fermenter pendant un mois, avant d’être plusieurs fois distillé. L’odeur est extrêmement forte, tout comme l’alcool en lui-même d’ailleurs. Plusieurs arômes et degrés sont proposés à la dégustation et à la vente. Nous choisissons d’acheter une bouteille avec à l’intérieur un « gusano », un gros ver censé donné un goût légèrement fumé. Sans cela, il serait apparemment difficile de distinguer le mezcal de la tequila… Si vous voyagez de façon autonome, vous trouverez plein de « fabricas de mezcal » autour de Santiago de Matatlan ou Tlacolula que vous pourrez facilement visiter.

Le soir, la place principale de Oaxaca est beaucoup plus animée, avec des vendeurs ambulants d’artisanat et de jus de fruit frais. Après cette journée bien remplie, nous dormons dans une maison d’hôtes détenue par une famille locale.

Visite de Monte Albán, ancienne capitale zapotèque

Le lendemain, la journée commence par un petit-déjeuner mexicain : pain, confiture de fruits de la passion, café et assiette salée avec tortillas, haricots rouges et œufs ! Miam😋

Notre deuxième journée à Oaxaca est consacrée essentiellement au site de Monte Albán, une cité majeure pour la défense de la région, située sur un promontoire rocheux afin d’avoir une vue à 360° sur la vallée. Ce sont les Espagnols qui décideront de construire, après leur conquête, une nouvelle ville plus bas dans la vallée, l’actuelle Oaxaca. Nous y allons en bus via des tickets achetés dans une agence. Des tours sont possibles mais nous préférons cette fois être autonomes, car nous ne savons pas combien de temps nous resterons sur place. L’entrée au site donne accès au musée et aux vestiges : compter au moins 2h30 minimum pour pouvoir profiter des lieux, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les panoramas de Monte Albán sont superbes ! Les bâtiments ont bien été dégagés ou restaurés pour avoir une vue d’ensemble de la cité

L’édification de Monte Albán débute probablement plusieurs siècles avant J.C. avant de connaitre un essor notable à partir de l’an 200 environ. Sa population atteint alors quelques dizaines de milliers d’habitants et devient la plus importante cité zapotèque. Son déclin est acté autour de l’an 800, et la ville est alors rapidement abandonnée. Les Mixtèques réoccupent la ville à partir du 12^ème siècle et jusqu’à l’arrivée des Espagnols.

On observe des structures traditionnelles telles que des temples pyramidaux ou des terrains de jeux de balle

Cette cité, installée en haut d’un piémont, est immense et possède de nombreux ensembles. Si vous ne choisissez pas un tour guidé comme nous, il vaut mieux avoir un bon guide papier pour essayer de comprendre les différentes fonctions des bâtiments. Comme dans la plupart des cités précolombiennes se trouvent des terrasses, des pyramides à degrés et des « plazas ». On peut aussi admirer des tombes et, bien évidemment, un terrain de jeu de balle. Les plus grandes structures sont les plateformes nord et sud. On trouve également des restes de stèles (plus de 300, beaucoup étant dans le musée du site) et de très beaux bas-reliefs. Sur l’un des bâtiments, appelé Edifice des Danzantes, on peut observer des gravures dans la pierre représentant des personnages se contorsionnant : la réalité semble moins poétique que le nom donné car plutôt que des danseuses, il s’agirait en fait d’ennemis torturés. Ce site renferme encore aujourd’hui de nombreux mystères que les archéologues tentent de déchiffrer.

Des stèles en bon état sont exposées directement sur le site ainsi que dans le musée

Nous rencontrons un vendeur de reproductions zapotèques en pierre avec qui nous échangeons longuement (on a progressé en espagnol) et lui achetons deux jolis artefacts bien sculptés. Originaire d’un village avoisinant, il nous raconte qu’il regrette la perte de puissance des peuples zapotèques aujourd’hui, et plus généralement des personnes d’origine indienne, alors que le monde politique du pays est dominé par les Mexicains d’origine espagnole. Seul Benito Juarez, une grande figure d’origine zapotèque née dans la province de Oaxaca, semble faire la fierté de la région.

On retrouve aussi de nombreux artefacts dans le musée du site

Nous passons l’après-midi à Oaxaca. Le peuple de Oaxaca semble beaucoup plus pauvre que dans la région de Mexico, mais ils ont un artisanat très riche et on trouve de nombreuses galeries et boutiques d’artistes, dont certaines sont internationalement reconnues. Le zocalo de la ville est agréable et animé, et il est un bon point de départ pour découvrir la ville, notamment sa belle cathédrale. De là, on peut facilement aller jusqu’à l’église Saint-Dominique de-Guzmán, en prenant la superbe Calle Macedonio Alcalá (voir plan ci-dessous). L’intérieur baroque et le plafond en stuc de cette église sont spectaculaires : assurément un must lors de votre séjour à Oaxaca !

La ville de Oaxaca est célèbre pour son art et ses édifices religieux : on pourrait passer une semaine dans cette ville tant elle est accueillante !

Se balader dans le centre historique avant de se perdre sur les marchés (comme le marché de Abastos ou le marché Juarez) et dans les quartiers où règnent la street culture est aussi un bon moyen de découvrir la ville. A noter qu’il ne faut pas partir de Oaxaca avant d’avoir goûté la spécialité locale : le chocolat chaud à la cannelle ! On recommandera fortement un passage au Musée des Cultures de Oaxaca, ou encore à La Casa Cortés pour y découvrir sa galerie d’art.

Vers 20h nous dégustons encore quelques tacos puis nous allons vers la gare routière pour prendre le bus de nuit qui nous ramène à Mexico, avant de repartir le lendemain en France. Après une telle (première) expérience au Mexique, nous rentrons avec une seule envie : pouvoir revenir et découvrir d’autres régions de ce riche pays ! 😊

 

Où dormir ? 💤

La ville de Oaxaca, environ 250 000 habitants, possède une offre hôtelière bien développée et il vous sera facile de trouver un hébergement sur Booking.com. Comme souvent, nous vous proposons ci-dessous une sélection d’établissements notés au moins 9/10 pour profiter pleinement de votre séjour dans cette belle ville :

• Pour moins de 40 euros la chambre double, le Hostal Central Oaxaca est une excellente option, où il est également possible de dormir en dortoir pour seulement une dizaine d’euros
• Entre 50 et 100 euros, on trouve de magnifiques établissements, par exemple La Casa de Pino (juste splendide !), le AYOOK, ou dans un autre style plus moderne le Hotel Parador de Alcalá. On aurait envie de passer une nuit dans chacun d’eux ! Chose qui n’est d’ailleurs pas interdite… 😀
• Pour les plus gros budgets, la Casa Antonieta, le Pug Seal Oaxaca ou le Camino Real Oaxaca sont autant d’options qui vous garantiront calme, luxe et sérénité tout au long de votre séjour !

 

Quelques exemples d’activités 🚁

 

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